Depuis vingt ans, j’accompagne les entrepreneurs indépendants en France, et la situation actuelle, en ce 1er mai 2025, est plus alarmante que jamais. Les indépendants triment sans répit, que ce soit un jour férié ou non, mais la précarité s’installe comme une ombre menaçante. Prenez l’exemple de cette boulangère en station-service, qui, pendant la crise du Covid-19, a dû dormir dans l’arrière-boutique de sa Farinière pour joindre les deux bouts. Elle n’avait pas souscrit de Prêt Garanti par l’État (PGE), mais son histoire reflète la fragilité des indépendants face à une crise qui les a laissés sans filet.

Cinq ans après, les stigmates de cette période sont encore béants. Les restaurateurs, par exemple, qui ont contracté des PGE pour survivre aux fermetures forcées, croulent aujourd’hui sous les remboursements. J’ai entendu parler de taux d’intérêt à 7 % pour certains prêts prolongés ou restructurés – un chiffre plausible, même s’il varie selon les banques. Ces dettes, ajoutées à l’inflation galopante et aux hausses des coûts de l’énergie ou des matières premières, asphyxient leurs entreprises. Beaucoup sont au bord de la faillite, après des décennies de travail acharné.

Cette précarité ne se limite pas aux restaurateurs. Elle engloutit tout un écosystème socio-économique. En tant qu’accompagnateur d’indépendants, je vois un basculement vers la pauvreté, un mouvement qui semble presque orchestré tant les politiques paraissent mal calibrées. Comment expliquer sinon ce déséquilibre ? Les grandes entreprises s’en tirent, mais les artisans, commerçants, micro-entrepreneurs sombrent. Je me demande sérieusement si ce n’est pas un acte délibéré de l’État. On ne pourrait pas mieux faire pour déstabiliser le monde des indépendants.

Ce qui m’inquiète davantage, c’est l’avenir proche. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2021, plus d’un million de Français ont basculé dans la pauvreté (Insee), avec les indépendants en première ligne, privés de protections comme le chômage partiel. En 2024, 62 % des Français craignent de devenir pauvres (Secours populaire). Et maintenant, on menace le statut même des micro-entrepreneurs avec des idées comme l’abaissement du seuil de TVA à 25 000 € de chiffre d’affaires. Cette mesure, si elle passe, serait une catastrophe pour ces travailleurs déjà à bout, qui luttent pour se remettre de la crise sans avoir à craindre de nouvelles charges. Les micro-entrepreneurs ont besoin qu’on leur fiche la paix, qu’on leur laisse le temps de panser leurs plaies sans l’angoisse de réformes imposées à la hâte.

Comment en est-on arrivé là ? Je pointe du doigt ces décisions prises à la volée, entre le café matinal et le digestif du déjeuner des députés. Ces choix, déconnectés de la réalité des indépendants, aggravent une situation déjà intenable. Ce n’est pas d’un énième bouleversement dont les micro-entrepreneurs ont besoin, mais de stabilité. Il faut préserver leur statut tel qu’il est, sans y toucher, pour leur donner une chance de se relever. Sans cela, le marché des indépendants, ce pilier de notre économie, risque de s’effondrer dans la pauvreté, et les mois à venir pourraient être dévastateurs.

Sarah MALECK 

> Aide & soutien auprès de l'Association 1901 "TERRITOIRES D'INFLUENCE"  

Ecrit au bord du lac d'Annecy avec l'envie de partir de ce pays .... que je ne comprends plus.

La situation actuelle, en ce 1er mai 2025, est plus alarmante que jamais!